Après
maintes hésitations entre la Corse et la Sardaigne, et vu mon pied en compote,
on se dit qu’il y aura certainement moins de marche en Sardaigne - car c’est
sûr en Corse il faut marcher ! – qu’il y aura sûrement plus de secteurs à
découvrir vu qu’on n’y est jamais allé et qu’on pourra plus varier entre
couenne et grandes voies. Sans compter l’aspect voyage et trip itinérant en
camion qui nous attire bien !
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Un spot de rêve |
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Outch |
Bon,
en Sardaigne, il faut aussi pas mal marcher pour aller faire de grandes voies
et pour la couenne… également ! Pour le coup, il y a plein plein plein de
secteurs à découvrir, presque trop !! Et c’est tout à fait possible de
varier les plaisirs mais l’approche reste au cœur du problème pour moi. Quant
au trip itinérant camion, on a été servi ! C’était juste parfait !
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Au départ de Toulon |
Résumé :
Vu l’épaisseur
des deux tomes du topo Pietra di Luna, on se dit que 15 jours sur place seront
forcément trop courts. Le dédale de recherches de secteurs commence sur le
ferry. Le topo ne se laisse pas facilement apprivoiser quand tu n’as pas la
carte de la Sardaigne imprimée dans la tête avec les villes principales. Et vu
la quantité de secteurs proposés, il est difficile de faire un choix car à
chaque description, Maurizio Oviglia suggère que le site mérite le détour ! ;)
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Une architecture particulière ! |
Les
clefs d’entrée seront donc les longueurs d’approches, la plupart du temps
sous-estimées il faut le mentionner, l’orientation du secteur et les voies
proposées + les quelques noms évoquant quelque chose dans notre univers de
grimpeurs.
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Linka découvre les joies de la Via Ferrata |
C’est
donc tout naturellement que nous nous dirigeons vers Cala Gonone pour grimper à
la grotte Millenium. L’approche en béquilles met bien dans le bain de l’effort,
Linka découvre les joies de la Via Ferrata assistée et Alex les sensations
effrayantes de grimpe sur fragiles colonnettes et points corrodés si bien que
la chute semblait plutôt à proscrire. Nous sommes emballés par le lieu et
l’escalade proposée mais pas par l’équipement et décidons donc qu’une journée
ici suffit !
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Et ça lui permet de regarder le paysage ! |
Nous
doutons que les autres secteurs de Cala Gonone soient mieux équipés et prenons
la direction du Sud en se disant qu’on y reviendra peut-être. Mais il y a
tellement de choses à faire et à voir qu’il est difficile de revenir sur ses
pas… On le remarquera par la suite !
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Genna Groce |
La
face qui m’attire est la Punta Giradili. Sur le chemin, nous arrêtons sur un
secteur d’altitude tout en fraicheur : Genna Croce. Le style et le cadre me rappelle Ablon.
C’est exigeant et là encore il n’y a personne.
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Petite baignade... |
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...Au pied de la Punta Giradili ! |
Le soir nous
trouvons le spot idéal pour dormir, au bord de la mer, où les chiens sont
autorisés et avec vue sur la majestueuse Punta Giradili. Malheureusement,
l’approche ne s’est pas réduite en 2 jours et ne pouvant toujours pas appuyer
sur le talon, je n’envisage pas 1h30 de béquilles pour accéder au pied. Nous
optons donc pour une voie plus courte mais avec surtout aucune approche, dans
un cadre prodigieux et proposant une superbe escalade : Marinaio di
Foresto, 6a+ max. Voie à conseiller à tous les amoureux de belle escalade
tranquille !
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Grande voie avec vue... |
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Marinaio di Foresto |
On aime
tellement le coin qu’on y reste quelques jours en grimpant sur les sites de
couennes alentours comme Villagio Gallico et en disant aux copains Cédric et
Pauline, rencontrés sur le bâteau, de nous rejoindre au plus vite. C’est là que
je regrimpe finalement en tête après avoir repéré la longueur en moulinette.
Serrage de prises de rigueur et pas de chute au compteur : tout va
bien !
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Ulassai |
Puis nous
filons à Ulassai qui est d’après de nombreux copains, le site de couennes de
Sardaigne. Nous découvrons sur place un petit village charmant, une belle communauté
de grimpeurs avec comme lieu de retrouvailles le refuge Nannai et une énergie
débordante et passionnée pour l’escalade et la culture outdoor. Nannai me
rappelle à la fois le camping Climbers Garden à Geyik Bayiri, le bar Panjika à
Léonidio et le refuge Kalandraka à Rodellar. Ce genre de lieu qui vibre de la
passion pour l’escalade et du bonheur de la partager dans le respect de la
nature qui nous accueille. Pour la première fois, nous rencontrons des
grimpeurs à la falaise !
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Alex à Cave of Dreams |
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Caro à Su Fundu |
Nous grimpons
au secteur Canyon, Cave of Dreams et Su fundu où je me surprends à faire des 8a
au 1er essai après un repérage en moulinette et des 7c à vue
directement en tête. Toujours pas de chute au compteur !! Ouf ! L’escalade
est verticale ou léger dévers sur réglettes ou trous. Le style de grimpe et la
disposition des secteurs ont un petit air de Siurana. Le reste du temps c’est
pétanque tout terrain autour du camion et chill. De vraies vacances !
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Un squatt bucolique ! |
La pluie nous
pousse à changer d’endroit et nous choisissons de découvrir une nouvelle zone
des secteurs de couennes remplies de grottes : Domusnovas. On trouve là
encore un super spot camion et ce n’est pas plus mal car la pluie ne s’arrête
pas pendant 48h ! On essaye de grimper dans la grotte de Canneland mais on
n’a rarement des conditions aussi glauques !! Les combats apparaissent
pour ne pas glisser sur les bacs des 7a+. Ce n’est pas de la grande escalade
mais on s’amuse bien !
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48h dans le camion... |
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Faut bien trouver quoi faire ! |
Quand le
soleil réapparaît enfin c’est comme si nous éclosions comme des fleurs. Le
moral des troupes remonte instantanément ! Nous souhaitons visiter une
mine, activité principale de la région mais décidément Mai n’est pas une
période touristique pour la Sardaigne. Nous filons donc vers Capo Pecora qui
semble un endroit calme et préservé agrémenté de quelques bouts de caillou pour
notre plus grand bonheur.
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Un bel endroit... |
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Tout le monde pose |
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Même Pincho ! |
Pauline, pure
bloqueuse dans l’âme, est ravie et passe la journée à courir de blocs en blocs.
Alex se prend même au jeu d’essayer un passage qui lui résiste. C’est fou comme
avec un peu de magnésie, un rocher d’apparence quelconque prend de l’ampleur.
Je joue aussi sur les blocs mais une micro chute sur le pied me rappelle
vivement à l’ordre. Le bloc n’est pas encore une activité pour moi.
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Compression |
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Pauline |
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Petite arête |
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Cédric |
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Compression plus dure ! |
Capo Pecora
propose aussi plusieurs secteurs de trad en bord de mer. Les accès ne sont pas
toujours évidents et l’ambiance avec les vagues qui déferlent à côté de nous
est prenante. Nous sommes aux anges ! Après quelques couennes, nous
remontons avec Alex un pilier en 3 longueurs avec le coucher de soleil en fond.
Pendant ce temps, la marée monte au pied de la voie et Cédric et Pauline
sauvent toutes nos affaires avant qu’il ne soit trop tard ! On ne
s’improvise pas grimpeur de bord de mer ! ;)
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Capo Pecora |
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Trad |
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Reflexion |
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Linka au paradis ! |
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Retour tardif |
Pour le
dernier jour de Cédric et Pauline, je repère un secteur prometteur d’après la
photo : Sardus Pater. Là encore, l’accès se révèle laborieux et bien plus
long que ce que mentionne le topo. Sur place, la déception est présente car le
site en plus de paraître bien plus petit que la photo, semble laissé à
l’abandon et ne pas avoir été pratiqué depuis des mois. Nous persistons tout de
même et découvrons de très jolies voies. Il faut défricher et nettoyer mais
derrière les longueurs sont d’une belle qualité.
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Pied de falaise chaotique |
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Alex dans Tiu Peppe 7c+ |
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Cedric dans Tiu Peppe 7c+ |
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Caro dans Tiu Peppe 7c+ |
Globalement
c’est ce que nous avons ressenti durant tout le séjour. Il y a beaucoup
beaucoup de secteurs et certainement pas assez de grimpeurs sur l’île pour
pratiquer les voies et entretenir les secteurs. Toutes les voies que nous avons
faites étaient belles c’est sûr. Mais il y a souvent uniquement 2 à 3 voies
intéressantes par secteur. On ne retrouve pas, comme en Espagne, un site phare
avec une quantité de king lines, à part peut-être à Ulassai. Alors nous n’avons
pas tout vu des secteurs de couennes de Sardaigne et nous avons peut-être raté
le site rassemblant toutes ces voies. En revanche, la Sardaigne se prête à
merveille au voyage itinérant en camion, au dépaysement et paysages changeant
en peu de kilomètres. Je vous conseille d’aller là-bas dans cette optique du
voyage, comme nous l’avons fait, plutôt que dans une optique d’escalade pure et
de performance où vous risqueriez d’être déçu.
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Sardus Pater |
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Easy game ! |
Mon principal
regret en Sardaigne est de n’avoir pas pu parcourir les nombreuses grandes
voies qui m’attiraient l’œil. Il y a es murs immense à perte de vue mais ils se
méritent. Cette blessure au pied en aura décidé autrement pour cette première
visite et m’incite donc à revenir pour découvrir ces faces pleine
d’ampleur !
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Pan de Azucar |
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Porto Flavia |
Pour finir
notre voyage, nous retournons au site de Porto Flavia pour visiter la mine sur
laquelle nous avions buté précédemment. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment une
mine mais un port et lieu de stockage des minerais construit sur la base d’une
mine pour accélérer la productivité de la région et s’astreindre de délais de
transports monstrueux pour atteindre un autre port quelques dizaines de
kilomètres plus au sud. Le créateur de ce port forge le respect : avoir eu
l’ingéniosité d’utiliser le terrain et la proximité du Pan di Zucchero et
s’adapter aux contraintes techniques en 1922 laisse songeur. Ca vaut le
détour !
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Et toujours de belles rencontres ! |