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mercredi 19 novembre 2014

Kalymnos ou le Disneyland des grimpeurs


Ca fait bien longtemps que j’entends parler de Kalymnos, que j’ai envie d’aller voir cette petite île mais l’occasion ne s’est jamais présentée. J’en ai entendu parler en bien : « c’est le paradis des grimpeurs, belles voies, confort et luxe du logement (pour un grimpeur entendre, basiquement, lit et douche !), on y mange bien, etc… ». Mais j’en ai aussi entendu parler en un peu moins bien : « c’est blindé, les voies sont patinées et bourrées de magnésie, les cotations ne veulent rien dire, etc… ». Il était temps de se faire sa propre opinion. J’y suis donc partie avec certes quelques préjugées mais sans vraiment savoir à quoi m’attendre.



Un petit tour à Athènes en attendant l'avion pour Kalymnos

Salomé à proximité de l'Acropole
 
On  est parti avec une bonne bande : Marion, Salomé, Amélie, Anne, Fred et Seb. Pas de quoi s’ennuyer mais du monde à loger ! Notre première erreur a été de nous y prendre un peu tard pour notre réservation de logement. Et oui, Octobre est l’un des pics de saison pour la grimpe, avec le printemps, et les appartements sont pris d’assaut. Après de nombreux mails et quelques faux espoirs, on finit par confirmer à Atlantis Hotel. Ce petit hôtel familial de Myrties se révèle être un très bon choix : à  l’écart des bars et de l’ambiance touristique de la grande rue de Masouri, un tarif très raisonnable (10€/pers/nuit), une terrasse commune agréable et flexible et un accès au port pour les départs matinaux à Telendos des plus rapides.


Un aperçu du patio
 
On découvre avec enthousiasme les différents secteurs : Iannis, Grande Grotta, Spartacus, Odyssey. L’escalade y est, il faut le dire, incroyable. Des colonettes, des chiches, des patates, appelez les comme vous voulez, qui pendouillent de partout ! Il faut apprendre à regarder derrière soi s’il n’y a pas une prise, s’habituer à coincer un genou par ci, un dos par là ou bien carrément s’assoir. C’est sacrément ludique et hors du commun! On se fait plaisir ça c’est évident.


Amélie perdue dans les colos de la Grande Grotta
Ca force dur dans Priapos !
 
Nos soirs consistent à tester quotidiennement un nouveau restaurant/une nouvelle daurade. Cure de poissons !  La mention spéciale est donnée au resto Panos et sa gérante hyperactive et souriante. Oui il faut le noter car le tourisme de masse a quelque peu blasé certains des commerçants si bien qu’il est parfois difficile d’avoir un renseignement ou un service d’une manière agréable… Dommage !


Un coucher de soleil de l'hôtel
 
Pour ce qui est de Panos, ce restaurant aux couleurs rouge orangé est vraiment un must ! L’ambiance est chaleureuse et surtout on y mange bien ! A Kalymnos, il faut savoir que la commande d’un plat implique quasi systématiquement la présence d’un dessert et voire également d’un apéritif. Chez Panos, la distinction se fait dans le dessert, un gâteau fait maison différent chaque soir tandis que les autres restaurants proposent des sortes de beignets à l’huile… et un peu au miel (!), et dans l’offre  de boissons gratuites (vins ou bières en fonction de nos commandes du soir) pour terminer dignement le repas. Bref, n’hésitez pas et allez-y les yeux fermés mais pas trop tard sous peine de ne plus avoir de place !



Le pas dur de Priapos 7c

En parlant de tourisme de masse, c’est peut-être ce qui choque le plus quand on débarque à Kalymnos. La rue principale de Masouri n’est qu’une succession de restaurants, magasins de souvenirs ou shops pour grimpeurs. On est loin des petits villages typiques des iles grecques… Ici, le grimpeur consommateur est roi et ce jusque dans la grimpe.


Seb dans Ivy 7b : Kalymnos, photo typique!
 
Avec le passage, les voies sont marquées et surmarquées rendant les à vue relativement faciles au même titre que certains sites espagnols. Néanmoins, faire des croix à Kalymnos est encore plus aisé qu’en Espagne. L’escalade n’est pas du tout exigeante, les pieds sont globalement énormes, les prises de main également ce qui explique peut-être la grande réussite de tout grimpeur ayant uniquement grimpé en salle avant sa première sortie en falaise à Kalymnos !


Amélie dans Priapos
 
Nous ne faisons pas exception : Marion réalise son premier 7a à vue, Salomé une ribambelle de 7a+ et 7b, Seb son premier 7c flash, Amélie et Fred un paquet de 7b+ et 7c et moi plusieurs 7c et 7c+ à vue.

Seul au monde à Secret Garden...

Ce qui choque également, mais c’est l’un des travers de la surfréquentation et du succès de Kalymnos, c’est l’ambiance générale sur l’île. Comme chaque grimpeur vient en groupe et loge soit dans un appartement soit à l’hôtel, il y a peu d’échange, quasiment aucune retrouvaille avec les gens rencontrés la journée, occupés à courir d’un secteur à l’autre pour repérer une voie libre et globalement très peu de partage entre grimpeurs puisqu’il n’y a pas le temps de s’arrêter pour discuter, il faut d’ors et déjà prendre son ticket et attendre pour la prochaine voie ! Heureusement, on arrive à conjurer le sort en rencontrant des autrichiens sur un secteur isolé qui obligent, de fait, les grimpeurs au confinement et donc à l’échange. Et pour la première fois en 10 jours, on passe la soirée avec des étrangers !


Salomé sous le soleil matinal à Télendos
 
 Pour changer d’air, nous partons une journée sur l’île de Telendos, juste en face de Masouri. Levé matinal pour en profiter un maximum. Nous sommes les premiers sur l’île et pour la première fois sur place, nous ressentons un réel sentiment de liberté. La visite de cette petite île est vraiment à faire et nous envisageons pour une prochaine venue, de dormir sur place et de passer des journées à Kalymnos, plutôt que l’inverse !


Le cratère de Sikati

Amélie dans le 7c classique Sikati Cave
 
Enfin, nous terminons la découverte de Kalymnos par la location d’une voiture et des classiques scooters. Nous nous rendons au « nouveau » secteur de Secret Garden, toujours pas dans le topo mais déjà surfréquenté. Il faut dire qu’il vaut le coup en cette période de l’année : à l’ombre toute la journée et proposant des voies de qualité.  Nous allons également admirer le cratère de Sikati Cave pour une dernière journée de grimpe prolifique et nous nous évadons du tumulte de Masouri pour visiter le petit port de pêche de Vathis.

Seb dans Bourrée mais pas pleine 7b+ à Secret Garden

Caro dans Kaly Diva 7c

Amélie dans Puffa puffa puffa 7c
 
 Finalement Kalymnos est une belle destination grimpe, quelque peu hors du commun, qui offre du confort et peut satisfaire aisément les besoins d’une famille avec enfants en bas âge. Mais il faut être préparé à l’ambiance consommation d’une Côte d’Azur estivale. On est loin de l’atmosphère fanatique et plus roots de l’Espagne et il faut avoir bien conscience que ce n’est pas ce que l’on vient chercher à Kalymnos pour ne pas être déçu !


Une belle fin de séjour à Secret Garden