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mercredi 25 janvier 2017

Andalucia mi amor

L’Andalousie... Depuis le temps qu’on se dit que l’on veut y aller ! C’est pas faute d’avoir essayer auparavant, mais le mieux que nous ayons pu faire était d’atteindre la région de Valence et Chulilla ! Il faut dire qu’il y a tellement de sites incroyables sur le chemin vers le Sud de l’Espagne... Il y en aurait pour toute une vie avec la seule Catalogne.

Un avant-goût andalou... coucher de soleil à Archidona
Mais cette fois, nous étions décidés, cap vers le Sud. Cela ne nous a pourtant pas empêcher de faire une nouvelle pause par Pau puis Rodellar...

Pause famille  devant l'Ossau
Pau, pause famille mais aussi retrouvaille d’une falaise que j’avais côtoyée il y a longtemps : Troubat. Je rêvais de retourner dans «Leaving the world behind ». Si je me souviens bien, c’est le premier 8a dans lequel je suis montée quand j’avais 16 ans. C’était encore trop dur pour envisager l’enchainement mais je m’étais dit qu’un jour je pourrai la faire. C’est dans cette optique que j’ai abordé cette journée à Troubat, en sachant que je pouvais faire cette voie et que ça serait une bonne journée si j’y arrivais.

Troubat
Pas de pression, juste du plaisir de redécouvrir ces mouvements qui m’avaient émus par le passé. Par chance, les dégaines étaient en place alors j’ai essayé... sans vraiment savoir à quoi m’attendre ni où étaient les sections difficiles. Et puis je suis montée, montée, avec une belle sensation de fluidité, jusqu’à un bon repos. Les genoux salvateurs sont venus tous seuls et le plaisir d’être arrivée là et de pouvoir récupérer, seule à la falaise par cette belle journée, l’ont emporté sur le stress de ce qu’il restait à faire. J’ai continué ainsi, en me battant toujours un peu plus, en hésitant beaucoup sous le relais pour temporiser et surtout ne pas commettre d’erreurs et j’ai clippé le relais ! Un bon moment et des sensations incroyables à garder en mémoire pour ce faux premier 8a à vue qui ont le mérite de faire réfléchir sur les capacités que notre tête et notre état d’esprit peuvent donner à notre corps...

Rodellar
Rodellar était davantage une obligation de l’ordre du jardinage à vrai dire mais qui n’était pas pour nous déplaire.

Labourage intensif fin août
Fin août, nous avions laissé le jardin entièrement labouré après avoir passé des matinées à arracher les ronces et autres mauvaises herbes qui souillaient cette bonne terre. Alors en ce début novembre, on appréhendait un peu la découverte du jardin... Mais à notre grande surprise, c’était une belle herbe type gazon Barenbrug (le top du top en matière de gazon !) qui avait décidé de pousser ! De quoi nous permettre de poursuivre sainement l’entretien de ce jardinet et voilà que je me retrouve même à construire un mur de pierres pour le compost, à la manière des paysans aragonais, avec moins de succès tout de même quant à la rectitude du profil... Pas dit que mes maisons auraient tenu le poids des années avec cette technique !!

Une plus belle couleur début novembre !
Muret maison !
Le jardinage nous a tout de même laissé le temps de profiter du Mascun et je montre à Cédric quelques belles voies pour se remettre en canne : les Chacals 8b et Chorrera o la belle inconnue 8b/+ qu’il fait à vue pour cette dernière. Les conditions sont fraiches et légèrement humides déjà alors j’en profite pour faire le beau mur à réglette de Wiskyri 8a qui me faisait envie depuis bien longtemps mais qui reste inenvisageable en plein été... Cette fois c’était parfait ! Puis je râte de peu le flash de Gracias Fina 8a. Mais c’était une bonne mise en jambe pour ce qui nous attend en Andalousie. Sur ces belles notes, nous filons vers le sud !

La Sierra de Guara nous gratifie d'une belle mer de nuage pour notre départ
Notre premier stop se fait à Villanueva del Rosario, quelle baume ! C’est le genre de falaise où tu rêverais de faire du 8c pour aller mettre tes doigts sur ces belles colos perchées tout là-haut dans le dévers... Heureusement pour moi, il y a aussi des voies plus faciles. Je grimpe quelques jours en faisant du à vue dans les classiques en 7c : la Cenizo et la Calima puis repère la belle Golpe de Calor 8a+ pendant que Cédric passe directement aux choses sérieuses en pliant Mandanga total 9a en 2 jours. Tant que les copains ne sont pas arrivés, on garde un rythme décent et après 2 jours de grimpe c’est déjà le jour de repos mérité.

Nerja la touristique
Photo de famille en bord de mer
Début novembre dans l'eau
Cela nous permet de découvrir le village touristique de Nerja en bord de mer, de se baigner en plein mois de novembre dans une eau à 25°C et d’observer Linka s’initier au surf dans les rouleaux méditerranéens ! Céline et Seb nous rejoignent d’un trait de France pour plonger directement dans un bon bain salé. Les vacances sont lancées !!

Avant...
Après l'initiation surf !
Avec leur arrivée et celle d’Amélie, Julien, Max et Fanny, vient aussi celle du froid, du grand froid. La baume de Villanueva del Rosario, par grand froid, c’est compliqué... La brise se lève vers 11h et souffle jusqu’en fin d’après-midi et à cette période, la falaise ne voit pas le soleil. Les conditions sont patagoniennes et nous filons à Tajo de la Madera, une petite barre au soleil et à l’abri du vent dans un patûrage, derrière la grande baume de Rosario. Le secteur n’est pas inoubliable mais c’est une bonne alternative pour des journées glaciales.

Tajo de la madera
Le lendemain, Cédric est trop guronzé par son nouveau projet Mangarbo 9a+, qu’il me traine pour l’assurer malgré le froid. Je mets toutes les couches possible et armée ainsi, l’assure un long moment. Mais une telle envie est transmissible et quitte à être là, autant moi aussi retourner travailler mon projet Golpe de Calor. A peine descendue de cette montée glaciale, je me sens prête à mettre un essai pendant que Cédric se transforme en glaçon et regrette déjà d’avoir montré autant d’envie !

En mode guerrière contre le froid
J’ai dû choisir le pire moment pour commencer à grimper, un vent froid et persistant souffle sans arrêt, mauvais cycle. J’hésite à m’arrêter tellement le froid me prend mais la voie se prête plutôt bien au réchauffage de doigts. C’est en fait 3 bouts de voies entrecoupées de bons repos. Alors je prends chaque bout de voie un à un et récupère patiemment à chaque repos à la fois les doigts que les avant-bras ! Après un bon combat, même un ultime combat, j’arrive en haut de cette ligne avec un sentiment de satisfaction plus fort que jamais. Sur le moment, j’ai le sentiment d’être une guerrière  au mental d’acier qui a battu les éléments et ses propres limites pour atteindre le champ du rêve...

Perchés après Golpe de Calor 8a+
Avec ce froid, les copains ont renoncé à Rosario et nous n’étions que tous les deux pour partager ce beau moment ! Nous les rejoignons, sur notre petit nuage, à Archidona que l’on pensait plein Sud-Ouest mais malheureusement, la grotte ne passe pas non plus au soleil en cette période. Elle a au moins l’avantage d’être à l’abri du vent et d’abriter des voies incroyables en 8c. Ca donne là encore envie d’être fort !

La grotte d'Archidona
Seb force un bon coup dans Otra Generacion 8a 
Cédric, il marche à la pression et à l’ego et en croitant Golpe de Calor, je lui ai bien mis la pression ! Alors il a ressorti son mental de vainqueur et à peine arrivé, il se prépare pour Kalliste 8c. Après une longue gestion des 40 m de la voie, il réussit cette king line à vue sous les yeux médusés des locaux qui enchainaient ce jour-même leur projet voisin après 3 ans de labeur !

Au départ de Kalliste 8c à vue

Cédric a la moitié de l'immense Kalliste 8c

Fin de journée au soleil dans un joli 7a
Les jours suivants, nous filons vers Jaen, où les températures sont plus clémentes. Nous passons une  journée pluvieuse abritée par les dévers d’Otinar. Il y a là-bas le plus beau mur de colos que j’ai vu mais les voies ne sont quasiment que pour Cédric encore une fois ! Il passe à rien de faire Sex after Climb 8c/+ à vue. Avec l’humidité ambiante, la dernière réglette avant le bac, pleine de sika, est toute glissante et il zippe en faisant l’ultime relance salvatrice... Dommage !

La seconde avant la chute dans Sex after climb 8c/+
Avec Céline, nous nous tournons vers une classique sur patates en dévers puis dièdre technique « El Verdugo » 8a que nous faisons toutes les deux à vue ! Le plus dur n’était finalement pas la voie mais le combat psychologique contre ma propre tête pour garder la lucidité nécessaire et faire les bons choix dans les derniers mètres d’escalade après le crux. Décidément, ce trip m’apporte un paquet de leçons d’escalade ! J

El verdugo 8a à vue

Amélie dans la 1ere longueur d'El Verdugo 7b+
Nous visitons ensuite Reguchillo, une vraie barre plein sud en espérant voir enfin le soleil tant attendu mais ce n’est toujours pas notre heure. Nous sommes dans le brouillard toute la journée et après quelques jolies voies courtes et intenses, nous cédons à l’appel des tapas de Jaen !

Amélie s'échauffe dans le brouillard

Céline et moi dans les belles concrétions de Reguchillo
La fin du trip est plus douce. Les conditions sont meilleures pour Rosario et nous pouvons en profiter tous ensemble et leur montrer les magnifiques colos de la Cenizo 7c. 

Julien croite la Cenizo 7c tout en coincements de genoux
Tout le monde y va de sa croix et nous pouvons finir en beauté par ce que Juju et Cédric attendent le plus : des sessions parapentes ! Une belle journée à Loja nous permet de checker tous les décos possibles en attendant les conditions et de faire une bonne bambée... Le site n’est pas raide du tout et les conditions faibles nous surprennent un peu parfois pour poser un peu trop tôt !

Vol rando vers Loja
Repérage du déco Est
En attente des condis
Puis décollage en Sud
Pendant que Céline et moi finissons notre peau des doigts dans El Mundito Feliz 7c+, les autres découvrent Abdalaris qui se révèle être un site de vol incroyable. Ils se payent de beaux vols thermo-dynamiques de plusieurs heures en admirant les paysages andalous.

Grosse conditions pour Cedric au déco d'Abdalaris

Abdalaris
Une belle manière de clôturer un superbe voyage entre amis dans une région qu’il était temps de découvrir autant pour la grimpe, le vol ou le dépaysement culturel ! 

La bande de copains sous le soleil tant attendu !
Côté culture justement, nous n’avons pas vu un dixième du potentiel et nous le gardons pour nos prochaines visites, quand les conditions de vol seront mauvaises j’imagine.... Ah ces parapentistes !!

Pas franchement dur pour tout le monde le vol rando !



mercredi 14 décembre 2016

Année studieuse et vacances hispaniques

     Pas facile de prendre le temps d’écrire quand on bosse et qu’on veut profiter de chaque petite minute de libre... Résultat, on vit à 100 à l’heure. Bienvenue dans la vie des grandes personnes ma petite ! Le travail c’est normal et c’est pour tout le monde pareil... Sauf que moi, j’ai quand même un peu de mal à m’y faire ! Alors depuis un an, j’ai mis la tête dans le guidon travail. Faut dire que la poulie de Cédric ne nous a pas aidé à envisager de belles escapades grimpesques.

L'hiver à Chamonix ! ;)
   Après un peu de repos forcé, un peu de ski et de parapente et beaucoup de travaux à l’appartement, on a quand même réussi à s’échapper en Espagne à plusieurs reprises.

Montserrat et ses tours infinies
     D’abord à Montserrat où c’était la reprise de Monsieur. Quel endroit magnifique ! Tout y est paisible, autant le paysage simple et brut que ces tours de conglomérat à perte de vue. Même les grimpeurs étaient plutôt calmes comme si le lieu jouait son rôle apaisant sur ces espagnols d’habitude si locaces. Il y a tellement de sites éparpillés qu’il n’est pas difficile de se retrouver à l’écart des quelques secteurs fréquentés. Une semaine ressourçante qui ne donne qu’une envie, celle de retourner dans ce lieu magique.

Un secteur au calme
     Mais l’Espagne regorge de monts et merveilles si bien que quelques mois plus tard, nous voilà de retour en terre ibérique. Après une belle journée ensoleillée, nous nous réveillons sous la neige à Rodellar... Tout le monde n’est pas forcément content !

Surprise !
     Contraints de rester dans la région pour l’inauguration d’une statue sur la place du village, nous découvrons, les ruelles d’Alquezar, la charme de ce village perché et ses falaises voisines.

La fameuse statue inaugurée à Rodellar

Une ruelle d'Alquezar
     Malheureusement, pas de miracle, ce village magnifiquement rénové lors des 20 dernières années a perdu un peu de son âme pour laisser place au tourisme « presque de masse » des canyons et de l’aventure en barre. Pas de miracle non plus, les grottes sont trempées et nous optons pour les parois plus raides de la Colegiata qui ont subi l’oeuvre du temps et de certains ouvreurs...

Alquezar, perché entre les barrancos
     Une fois les formalités villageoises passées, la destination idéale s’offre à nous : Oliana ! Une barre plein sud qui sèche très très vite et qui regorge de voies peu traumatisantes. Nous passons les quelques jours qui nous restent dans ce bel endroit et faisons tous deux nos petites perfs : 8a+ pour moi et 8c+ pour Cédric. Tous guronzés, nous partons fêter ça au restaurant gastronomique au pied de la falaise... Même si le cadre est chic, surtout pour nos allures de grimpeurs, ne vous y prenez pas, on mange souvent plus simplement dans un bistrot locale. Ce n’était pas mauvais mais disons que les associations proposées ne nous ont pas enchantés voire presque écœurés parfois. Bref le raffinement de la gastronomie française n’était pas vraiment au rendez-vous !


Le meilleur moment du repas !
     Entre temps, il y a eu beaucoup de festivals où j’ai eu la chance de présenter, en compagnie de Fred Ripert, notre film Fleur de Rocaille, qui présente un parallèle original entre un sport local de la belle région de Mouriès et sa falaise où s’est trouvé un temps le premier 8a féminin. J’aurais le plaisir de vous en dire plus prochainement. Néanmoins, le film a connu un joli succès en étant primé au festival Image Montagne de Pau et au Festival International du Film Alpin des Diablerets.

Prix du Jury ay Festival Image Montagne de Pau
Prix Spécial du Jury au Festival des Diablerets avec Fred Ripert et Laurence Guyon
     En août, le temps s’arrête dans le monde des entreprises en France. C’était l’occasion d’en profiter pour repartir une dizaine de jours à Rodellar après avoir été chassés par les conditions météo au printemps. Cette fois, pas de stress, une chaleur digne des plus beaux étés en Sierra de Guara, une ambiance vacance comme seul ce coin peut nous l’offrir et des voies qui déversent et qui se grimpent, même par 30°C !

Las Ventanas
     Nous avons vite pris le rythme. Levés 10h, jardinage pour tenter d’éliminer la quantité de ronces présentes sur ce petit bout de terre que nous nommons jardin, déjeuner et à 15h départ pour la falaise après une baignade dans le Rio qui a pour but premier de faire baisser la température corporelle avant la montée au secteur ! Grimpe jusqu’à 22h puis cerveza et repas au Kalandraka. Répétez cette journée type une dizaine de fois et vous revenez bien ! :)

Linka aussi heureuse que nous !
     Les jours de repos ont permis de pratiquer la langue locale avec les administrations espagnoles et après maintes et maintes allers-retours, la donation de la partie de maison de mon papa est finalement devenue effective ! On voulait fêter ça en lui rendant hommage en faisant le Mascun Superior mais trop sec en cette saison, nous nous sommes réorientés vers los Oscuros del Balced. Le canyon type pour grimpeurs en jour de repos : pas trop long, dépaysant et sacrément agréable !

Champagne !

dimanche 6 septembre 2015

Une semaine fraîche et chargée entre Suisse, Italie et Vercors

Les Dolomites... Une destination estivale idéale pour échapper aux fortes chaleurs en France. Une première pour Cédric et une quasi première pour moi aussi après un séjour express en 2008 où j’avais pu visiter la Cima Grande par l’une de ses voies les plus faciles, l'Arête Dibona. Une destination qui permet de comprendre à ses dépends ce que signifie l’expression « Marcher Grimper sur des oeufs » !

Gros programme en perspective
Mais tout commence par la Suisse avec le Ratikon Boulder Masters à Klosters, 1er du nom. Là-bas, c’est le pays de Nina et cet évènement est parfait pour qu’elle et Cédric présentent en avant première leur film sur « Orbayu ». Après des hauts et des bas dans la réalisation, on peut dire qu’ils ont bien bossé et que le film devrait remporter un franc succés dans festivals cet automne ! Avis aux amateurs, ne le ratez pas s’il passe près de chez vous !

Retour en compétition forçu !
Une compétition ? Un retour brutal en compétition pour Cédric ! Même si le physique n’est plus tout à fait le même que pendant ses nombreuses années de compétitions, son mental ne l’a pas quitté et il se hisse aisément parmi les 6 finalistes. Là où il paie le manque d’entraînement c’est en finale sur le dernier bloc, cuit cuit le petit ! En tout cas, on peut dire qu’il a tout donné et qu’il s’est amusé !

Attention, on nous observe !
Après tout cela, direction les Dolomites et après deux jours à regarder tout le monde grimper j’ai plus que les crocs ! Alors on s’arrête à un petit site de couenne face à la face Nord des Tre Cime. Quelle ampleur déjà de si loin ! Le site de grimpe n’est pas celui que je recommanderai à tous visiteurs mais vu la courte marche d’approche, il correspondait aux requêtes de mon assureur et il permet tout de même de se dégourdir les bras !

Punta Frida juste au-dessus de ma tête
Quand je vous dis qu’il a tout donné, ce n’est pas une blague. Deux jours après la finale, monsieur ressemble encore à un petit vieux qui a mal partout si bien que pour notre première journée aux Tre Cime, je lui laisse les bâtons, l’attend à chaque virage et le regarde grimacer ! La voie du jour s’appelle Via dei Recordi. Elle est plutôt courte, 150 m sur la Punta Frida et tout en terrain d’av. Idéale pour découvrir le style des Tre Cime et pour perfectionner ma technique de pose de coinceurs ! 

Terrain d'av !
6 longueurs en 6b+ max, une jolie promenade en moulinette pour Cédric et une bonne mise en jambe pour moi. Déjà on se rend compte que le rocher n’est pas franchement compact. Par exemple, la sortie du relais de la longueur 5 est plus que délicate... Le topo indique que c’est la longueur clef, on se dit naïvement que c’est car c’est la longueur la plus dure en termes de difficulté et que 6b+ ça ira. Que nenni ! Longueur clef car la plus délicate et de loin ! Je résumerais les premiers mètres comme un mille-feuille de rocher ... Et au prix d’un effort mental bien plus que physique j’atteins le petit toit fissurée qui abrite une bonne protection 5 mètre au-dessus du relais sur vire. Chute à proscrire !

La longueur en 6b+ ...
Cette voie je la conseille vivement pour une première journée si vous n’avez que l’après-midi. Elle est rapide et présente toutes les qualités nécessaires à la grimpe dans les Tre Cime : recherche d’itinéraires, sondage des prises et placements de protections tout en alliant beauté et difficulté relative.

A l'assaut des Tre Cime
Le lendemain, nos ambitions se portent sur Gelbe Mauer, une grand mur jaune de 350m sur la Cima Piccola. La voie est plutôt récente, tout équipée, censée être relativement fréquentée et soutenue : 11 longueurs dont 8 au-dessus de 6c. Le topo mentionne que le passage des grimpeurs a permis de purger un peu la face. Alors on se dit qu’on va se régaler !

La face en question
Décollage à 7h du camion, premiers mouvements de grimpe à 8h, ouf on est les premiers. L1, 7a, il fait froid, les points sont loins, ça réveille ! Contente de n’être qu’en second dans cette longueur à règles sur du bon rocher effectivement.

L1, 7a raide et espacé
L2, 7a+, à mon tour pendant qu’une cordée commence la voie histoire de mettre un peu la pression. C’est pas plus mal, je réfléchis moins et j’avance. Je ne regarde pas trop ou du moins j’essaye l’espace entre les points. Une grande traversée à droite sans points sur de gros blocs pas tous très stables et voilà le relais !

L3, 6c, certainement une des plus belles longueurs puis L4, 7a+, certainement la longueur la technique et difficile à grimper. Je me dis que j’ai bien fait de passer mon tour mais la boucle de mou au niveau de mes genoux n’est pas vraiment pour rassurer quand j’entame les sections raides et techniques mais heureusement compactes.

L4, 7a+
L5, 6c, on s’était dit ça ira, c’est tout équipé et c’est purgé et bien c’est dans cette longueur que la voie commence vraiment ! Si l’escalade est moins dure techniquement elle l’est oh combien davantage mentalement !! Je regrette mes petits « friends » de la veille et regarde alternativement le spit suivant, 10m au-dessus, et ces réseaux de fissures propices aux coincements, impuissante ! Il n’y plus qu’à comme on dit !! Plus qu’à prendre sur soi, plus qu’à tater le caillou pour ne pas prendre une des nombreuses prises qui n’attendent qu’à partir, plus qu’à trouver l’équilibre malgré la tension inhabituelle du corps. Ca fait un paquet de nouvelles sensations tout ça !

A R4, heureux !
L6, 7a+, une longueur mieux équipée qui zigzague mais sur encore de gros blocs mouvants qui ne rassurent pas. Alors on a trouvé la technique pour grimper ce type de rocher : on se met de face et on bloque le plus bas possible pour avoir le plus de choix possible pour la main libre et choisir la prise la plus équilibrée dans la masse rocheuse ! Comme chaque prise est tirée vers le bas et pas vers soi et vu le tétris des blocs, ça paraît plus sûr ! Bon avec cette technique on arrive en haut des 350m de grimpe avec de belles crampes au biceps je vous préviens ! Mais au moins on ne tombe pas !

Exemple en image de la technique "blocage le plus bas possible"
L7, 7a, une traversée technique puis on remonte un pilier esthétique avant de se retrouver à nouveau face à un bel espacement de points sur un rocher toujours tendancieux...

L8, 6c, un début vraiment pourri puis ce gros toit caractéristique. Ah ça y est les crampes aux biceps font leur appartition ! Le réta du toit, on se demande comment il tient encore en place et plus on monte plus on se pose la question jusqu’à rejoindre la face en enjambant la fissure entre ce bloc et la face... Ca fait froid dans le dos.

On se rapproche du sommet
Les trois dernières longueurs 6b+, 6a+ et 5+ sont peut-être les pires et les plus dures à grimper, en tout cas pour moi qui n’a pas l’habitude d’un terrain montagne comme celui-là. C’est simple, on se rapproche du sommet, les faces se couchent et on se retrouve littéralement sur un amoncellement de cailloux, de pierriers, de terrasses. Bref la fin est vraiment un cairn géant, il faut être méfiant et surtout ne pas être la cordée du dessous !

La photo du sommet
Nous sommes accueillis au sommet par quelques choucas affamés et redescendons en rappel dans la voie d’à côté bien plus raides dans le haut ce qui évite de faire tomber un nombre incalculables de pierres et accessoirement réduit les risques de coincer la corde.

Le choucas, aussi fier que Cédric à R4 ! ;)

Finalement, méfiate ! Ce n’est pas parce que tout est équipé que ça va être une balade, au contraire ! Et au Tre Cime il vaut mieux être bien préparé mentalement.

Des rappels aériens !
Notre envie de visiter la Hasse-Brandler en face nord de la Cima Grande s’est un peu estompée avec l’ascension de cette voie. Je crois que mon mental était un peu vidé et que je n’étais pas prête à me réengager pleinement dans une face inconnue de 500m. Sans compter qu’il ne faisait déjà pas bien chaud au soleil alors l’idée de passer une journée entière avec onglée et caillante ne nous enchantait pas du tout à tous les deux !

Un bon verre de vin pour fêter ces deux voies !
Une bonne journée de repos s’annonce pour refaire nos corps endoloris. Direction Cortina d’Ampezzo, LA ville chic et chère des Dolomites. C’est drôle, on vit à Chamonix mais on est quand même ultra choqués de la population qui arpente les rue de Cortina. Au moins, aucun soucis pour faire son choix de chirurgie esthétique pour les prochaines années !

Cortina
Ensuite direction la Marmolada pour voir cette face si réputée. On passe au village Malga Ciapela, on voit de grosses faces mais toutes fracturées. On monte alors au barrage de Passo Fedaia et nous admirons ce que notre topo nous indique comme la Marmolada : une loooongue pente herbeuse qui doit fournir de belles pistes de ski en hiver. Mais, toujours pas de grosse face de 1000 m... Après nos investigations tels de vrais détectives, nous comprenons que la face se trouve de l’autre côté et qu’elle n’est visible qu’après minimum 30 min de marche. Nous allons y jeter un coup d’oeil et effectivement c’est impressionnant ! C’est sûr on reviendra pour grimper dans cette belle face !

La pizza

Mais c'est aussi bon dans le camion !
Après une pizza digne de ce nom, nous visitons deux secteurs de couenne qui valent le détour. L’un, Capanna Bill, littéralement au pied de la Marmolada, même rocher, un calcaire compact d’une qualité rare. On se régale. Le potentiel pour ouvrir des voies est gigantesque... On se demande pourquoi si peu de secteurs sont exploités. Peut-être que les grimpeurs locaux sont plus férus de grandes voies que de couennes mais n’importe quel équipeur français ou espagnol aurait les yeux qui brillent devant cette face.

Vue sur la Civetta
 Puis le lendemain nous grimpons à Laste, une tour de calcaire de bien 4 km de diamètre avec des voies tout autour plus de gros blocs qui sont détachés tiennent lieu de secteur à part entière de l’autre du chemin. Dur de faire son choix devant de telles propositions mais nous finissons par opter pour Sass de Rocia East. Un calcaire encore une fois magnifique et la présence des mêmes locaux que la veille nous fait dire que le hasard nous a mené à la bonne falaise ! Un site où je reviendrai avec grand plaisir !

Laste, Sass de Rocia
Changement de décor et direction Venise, car oui les Dolomites ne sont qu’à 2h de cette cité envoûtante. Changement de décor ça on peut le dire avec ses 30° et ses ruelles bondées, on est bien loin du calme champêtre et frais de Laste. Mais le plaisir de se perdre dans les ruelles, de déboucher sur un cul-de-sac sur le grand canal ou d’admirer de nuit la place San Marco valent bien ce changement brutal. Néanmoins, une soirée est bien suffisante et nous filons le soir même vers de nouveaux paysages.

Place San Marco

Gondoles

Palais des Doges
Ruelles et canaux
Pluie sur l’Italie et sur Chamonix, légère bruine sur le Vercors, bref des conditions idéales pour un tour en spéléo ! Avec un Papa qui a dévoué une partie de sa vie à la spéléo et l’exploration, ce n’était qu’une question de temps ou de personne pour que j’y vienne à mon tour. Parmi ses nombreuses explorations, il a fait parti de l’expédition -1000m en 1956 au Berger qui a établi pendant un temps le record du monde de profondeur. Et ce jour-là, c’est justement au gouffre Berger que nous allons nous promener.

Signes des premiers explorateurs
A présent, avec l’évolution du matériel, ce genre de sortie relève moins d’une expédition à part entière que d’une balade quelque peu physique. Pour nous faciliter la tâche, ce jour-là le gouffre est encore équipé des cordes d’un précédent congrès. Les manips vont donc beaucoup beaucoup plus vite ! Un bon brief de départ pour remémorer les différentes manip et plongeons sous terre au fur et à mesure des puits. Nous croisons au passage un groupe de spéléo qui sont allés tout au fond du gouffre, à -1100m, et qui ont mis pas moins de... 24h !!! Euh, ce que je viens de dire, serait-ce faux ? Ils ne sont pas passés loin du secours avec une des leurs quelque peu épuisée mais tout finira bien.

La fameuse salle des 13

Vagin géant, suivez mon doigt
Nous sommes à présent dans la grande galerie qui mène au camp de base de la salle des 13. J’imagine à peine la sensation des premiers explorateurs quand ils sont tombés sur ces stalagmites géantes... Nous regardons une pierre avec des inscriptions et nous demandons à laquelle mon papa a pris part ! Près de 60 ans après sa venue, je me sens émue là devant ce bout de caillou, 300 mètres sous terre.

A l'approche des Coufinades
Nous continuons jusqu’aux Coufinades, à -700m, où nous arrêterons pour remonter. Et oui tout ce que nous avons descendus il faut maintenant le remonter ! Quelques photos par ci par là, une progression indéniable en remontée de cordes statiques, un dernier méandre et après 7h nous retrouvons la lumière du jour !

7h sous terre, ça rend heureux !
Wahou tout cela en une semaine ! Il faudrait vivre tous les jours comme ça !!