Xiketeta, 30 m de mur vertical ou très légèrement déversant, des petits
bi doigts, des mono doigts, de la rési et surtout beaucoup de technique…
Bref une voie pour petits doigts, une voie pour filles et une voie
spécialement dans mon style ! Initialement cotée 8b pendant près de 3
ans, la côté a été revue à la baisse suite à l’homogénéisation de tout
Margalef voire de toute l’Espagne(!). Bon celle-ci mérite bien sa décote
mais elle n’en reste pas moins un bon 8a+ et surtout une voie
magnifique ; ouverte par le local Vicent Palau, comme souvent pour les
plus belles du site !
Un soir à Espadelles en Janvier 2013... |
Cette voie ça faisait presque un an que j’y
pensais. Lors de notre trip de deux mois l’hiver dernier avec Vincent,
j’étais allée y faire un tour, pour voir… A ma grande surprise, tous les
mouvs se font direct, faut dire qu’intrinsèquement ils ne sont pas
beaucoup plus durs les uns que les autres mais je me dis « oulala que
c’est rési ! ». On est en février, c’est la fin du trip, ce sera pour
une prochaine fois !
Vacances de la Toussaint, il y a 15 jours,
grosses conditions de collante, on est 3 jours à Margalef avec Céline.
Je retrouve les mouvs et me dit qu’ils sont plus durs que la dernière
fois… Ca promet ! Puis au premier essai je tombe tout en haut, sous le
dernier point, en ratant un mono doigt à viser. A chaque mouvement, je
suis surprise d’avancer et me dis que c’est un bel essai, que c’est pas
si rési finalement et que ça peut vraiment faire maintenant ! Les essais
s’enchaînent et je tombe à chaque fois en haut au même endroit… Au bout
des 3 jours, à mon meilleur essai j’ai progressé d’un mouvement par
rapport au 1er ! Autant dire que la voie devient psychologique !!!
En route! |
Un
des moyens en escalade, quand on commence à faire un blocage mental,
c’est de changer de méthode. Ainsi, on repart à zéro, la tête ne sait
pas ce qu’on veut avec ce nouveau passage et « aller venga », il faut
tout donner ! Les copains me donnent donc une nouvelle méthode que je
garde dans un coin de la tête. Je retourne 5 jours à Marseille pour les
cours ; tellement de boulot que je n’ai pas le temps de grimper une
seule fois… L’envie monte et le samedi, je suis de nouveau à Margalef !
Je mets un essai avec cette fameuse nouvelle méthode et tombe au même
niveau de ce qui devient … une habitude ! Ca n’a pas marché et la
méthode ne me convient finalement pas trop.
Nouvel essai, dernier
essai dans ma tête… Je n’ai jamais mis autant d’essais dans une voie (ce
doit être le 7eme seulement mais bon…) et mon mental est à rude épreuve
! J’en ai marre d’essayer toujours la même voie après avoir fait tant
de kms, envie de changer… Bref je me dis que c’est le dernier et près on
change ! Et là… je fais un mouvement de plus par rapport à d’habitude,
j’ai les doigts dans le bac final mais les fesses déjà dans le
baudrier…. « Nooooon » !
Fin de journée, frustrée mais c’est obligé,
après un essai pareil où la voie était si proche, il faut en remettre un
! Le lendemain, on s’échauffe tranquillement au soleil, on ramasse des
argousiers et j’essaye d’enlever la pression que j’ai en moi et de faire
monter l’envie, le plus important ! Sur l’approche, je fais un gros
travail mental, me disant que cette fois c’est la bonne, ma méthode me
convient, si je monte le pied exactement où il faut, ça passera ! Bref
j’essaye de changer mon esprit de l’état dans lequel j’étais les autres
fois où je tombais. Peu importe l’état physique dans lequel j’arrivais
sous le pas, je tombais… C’est que tout était dans la tête et la tête
pas à sa place !
Heureuse! |
Ce 8eme essai sera bel et bien le dernier ! Les
conditions sont parfaites, l’envie est là, je suis ultra concentrée,
aucune erreur, un peu comme dans un état second, je passe la section qui
m’a si souvent fait tomber, sans un doute, sans crier. Il reste les 5
derniers mètres, plus faciles mais encore soutenus. La pression est là
maintenant mais j’assure tous les mouvements et aucune zippette
malencontreuse ne vient gâcher ce moment ! Et… je clippe le relais !!!
Soulagement, bonheur, pression qui retombe, sourire ! Les copains et les
inconnus qui sourient tout autant en bas, qui félicitent, partage d’un
beau moment ! Bref ! La fin d’une belle histoire !
Merci à Céline
pour la patience à l’assurage, à retourner toujours au même secteur, de
m’avoir poussée jusqu’au bout et surtout d’avoir été là pour partager ce
moment !